CHARPACK
Georges, Ernest.
Né le 1er août 1924 à Dabrovica (Ukraine, Pologne
avant-guerre), mort à Paris le 29 septembre 2010. Chercheur
au CNRS, prix Nobel de physique, militant communiste, déporté-résistant.
Fils de Motele Charpak, comptable dans une exploitation forestière
et d’Anna Chapero, Georges Charpack passa son enfance à
Sarny, ville polonaise majoritairement de confession juive. Son prénom
de naissance était alors Grisha. Sa mère était
communiste, son père sioniste. En 1926, sa famille partit s’installer
en Palestine avant de revenir à Sarny, deux ans plus tard.
En 1931, ils quittèrent de nouveau la Pologne pour s’installer
cette fois-ci en France.
À Paris où la famille s’installa, son père
devint livreur, sa mère couturière. Après le
certificat d’études, Georges Charpak réussit en
1938 le concours d’entrée et intégra le lycée
Saint-Louis. Entre-temps, il s’était engagé dans
les Faucons Rouges jusqu’à son entrée au lycée.
Postérieurement, il milita dans le mouvement des auberges de
jeunesse. Après l’obtention de son premier baccalauréat,
en 1940, il entra en classe de mathématiques spéciales
à Saint-Louis. Titulaire de deux baccalauréats philosophie
et scientifique en 1941, il quitta Paris avec sa famille l’année
suivante.
Averti par un camarade de classe fils de policier de l’imminence
de la rafle du Vél. d’hiv., sa famille quitta Paris en
1942 et franchit la ligne de démarcation. Le 1er octobre 1942,
il s’installa avec sa mère à Montpellier, son
père étant alors incorporé dans un camp de travailleurs
étrangers à Nîmes (Gard). Georges Charpak s’inscrivit
en classes préparatoires au lycée Joffre de Montpellier
pour poursuivre sa scolarité avec de faux papiers sous le nom
de Jacques Charpentier. En 1943, il partit à Lyon passer les
concours d’entrée à Polytechnique et à
l’école des Mines en tant que candidat étranger.
Il fut reçu à ce dernier concours, mais il ne prit connaissance
que tardivement de ce résultat puisqu’il fut arrêté
entre-temps pour ses activités résistantes. Georges
Charpak, quelque temps après son arrivée à Montpellier,
intégra en effet les rangs des francs-tireurs partisans. Recruté
par des amis lycéens, il devint responsable régional
du front patriotique de la jeunesse et participa à plusieurs
opérations de distribution de tracts. Lors d’une distribution
de tracts contre le STO devant l’école des chantiers
de jeunesse de Montpellier avec une de ses camarades de lycée,
Élise Tsitchivily, cette dernière fut appréhendée
par la police. Selon le rapport de police, Georges Charpak se constitua
par la suite prisonnier et fut arrêté le 10 août
1943. Déféré devant la cour spéciale,
il fut condamné le 23 décembre 1943 à 2 ans de
prison et envoyé au camp d’Eysses. Après avoir
participé à une tentative réprimée de
soulèvement dans la prison, il fut déporté avec
ses compagnons, le 11 juin 1944 et envoyé au camp de Dachau
en Allemagne.
Après sa libération par les Américains, il fut
rapatrié à Paris. Dès le mois d’octobre
1945, il intégra l’école des Mines et obtint la
nationalité française. C’est au cours de cette
période qu’il adhéra au Parti communiste, parti
au sein duquel il milita jusqu’en 1956. À sa sortie de
l’école des Mines, en 1948, il entra au CNRS, dans le
laboratoire de physique nucléaire de Frédéric
Joliot-Curie au Collège de France. Après une licence
obtenue à la Sorbonne, il soutint sa thèse en 1954.
Dès 1958, il accepta un poste au CERN à Genève
(Suisse). Maître de recherches au CNRS en 1959, il devient physicien
de manière permanente au CERN de 1963 à 1989. Titulaire
de la Chaire Joliot-Curie de l’École de physique et Chimie
Industrielle de Paris en 1984, membre de l’Académie des
sciences l’année suivante, il obtint, en 1992 le prix
Nobel de Physique.
SOURCES
: Arch. Dép. Hérault 796 W 36, 1000 W 225. — Georges
Charpak, Dominique Saudinos, La Vie à fil tendu, Paris,
Odile Jacob, 1993. — Corinne Jaladieu, La Prison politique
sous Vichy , l’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes,
Paris, L’Harmattan, 2007, 290 p. — Midi Libre,
samedi 2 octobre 2010.
Olivier
DEDIEU